Encore un que l'école a marqué. Jacques Bellefroid n'a pas oublié cet univers impitoyable où la moindre bêtise devient une affaire d'Etat, où les grands mots ne font peur à personne.
Pour un moment de distraction, la cruauté se déchaîne. Les adultes qu'on y rencontre ont parfois un caractère bizarre. Le malheureux enfant apprend le sentiment de culpabilité avant l'alphabet. Entre le devoir d'être sage et la permission de travailler, il ne lui reste plus beaucoup d'espace pour respirer.
Voilà pourquoi il se met très vite à voler le temps qu'on lui refuse. Il a besoin de rêve, de liberté. Non de ces quatre murs gris entre lesquels il s'étiole. Pour un peu on le dégoûterait de ce qu'il aime: lire, écrire. « C'est Mozart qu'on assassine », s'écrierait Cesbron.
En trois phrases Jacques Bellefroid brosse un portrait qui réveille des souvenirs. Il a le sens du mot juste, de la belle phrase sans fioritures qui s'enroule sur elle-même. Il cisèle son texte en artiste et s'installe doucement mais sûrement dans le petit monde fermé de la littérature contemporaine. La vraie. Son roman se lit comme une série de nouvelles très courtes et très poétiques.
Valérie Hanotel
* Ed. La Différence, 255 pages, 79 F.
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